Axe 2 : Passage au numérique et recontextualisation

Responsables de l’axe : Christine Bernier (histoire de l’art, Université de Montréal) et Jason Camlot (littérature anglaise, Concordia University)

Cet axe explore la multiplication des sources et l’intégration de contenus non-savants dans les pratiques de recherche. Il étudie aussi la signification du numérique dans les projets d’art contemporain et d’art historique et dans l’examen des pratiques des diffuseurs (du musée prestigieux au centre d’artistes underground). Les recherches axées sur le premier thème « Diffusion des arts visuels et humanités numériques » explorent le développement des relations croisées entre les arts visuels, la muséologie et la patrimonialisation. Certaines de nos hypothèses nous amènent à voir comment le numérique joue un rôle fondamental, non seulement dans la création des œuvres d’art, mais aussi dans leur recontextualisation et leur pérennisation qui sont opérées par les musées. Nous collaborons dans nos recherches à des démarches muséales afin de mieux expliquer comment le numérique intervient dans la diffusion d’objets patrimoniaux. Il s’agit donc d’examiner les œuvres d’arts visuels, tout autant que certains artefacts intégrés à des collections muséales, et cette question rejoint une dimension historiographique et épistémologique de la recherche en muséologie numérique.  Le thème de cet axe ne porte pas sur « les arts visuels numériques », mais bien sur « le numérique dans les arts visuels ». En prenant appui sur les notions d’éditorialisation, de médiation et de remédiation, nous cherchons à mieux comprendre comment le numérique peut infléchir notre définition du statut institutionnel des objets patrimoniaux et ce, dès le processus de conception.

Le deuxième thème « Recontextualisations sonores et visuelles » examine l’impact du numérique dans le processus de circulation d’une œuvre littéraire ou en arts visuels et démontre l’importance de la recontextualisation dans l’infléchissement de notre définition du statut institutionnel des objets dans les institutions culturelles et dans l’espace du Web. Avec l’introduction d’une technologie d’enregistrement sonore viable au cours de la dernière décennie du XIXesiècle, une nouvelle forme de données matérielles pour l’analyse littéraire a émergé : le texte audio. Ce nouvel artefact littéraire, basé sur le signal sonore de la performance acoustique du poète, a été défini comme « un champ d’activité linguistique sémantiquement plus dense » qui exige de nouvelles méthodes d’analyse. Au cours des deux dernières décennies, en partie grâce à la création de référentiels en ligne d’enregistrements littéraires tels que PennSound (2005) et SpokenWeb (2013), le potentiel des archives sonores littéraires pour la recherche est devenu perceptible sous de nouvelles formes. Les implications de telles recherches sont capitales pour les méthodologies futures en sciences humaines, et pourtant leur réalisation est actuellement limitée par le statut et la structure de nos collections d’enregistrements sonores littéraires et par le manque d’approches collaboratives pour développer des méthodes, accéder, étudier et analyser le contenu audio qu’ils contiennent. Au Québec et au Canada, des milliers d’heures de lectures littéraires, de performances et d’activités connexes ont été enregistrées sur un large éventail de supports, depuis les années 1960. Les avantages de l’enregistrement sur bande magnétique et des technologies médiatiques ultérieures ont permis de nouvelles utilisations littéraires de l’enregistrement sonore, notamment la documentation d’événements littéraires, de lectures et de conversations, tant publiques que privées. Cela étend la portée de la saisie des formes et des événements littéraires et, par conséquent, transforme notre compréhension de ce qui constitue le littéraire. En tant que matériaux de recherche précieux, ces enregistrements représentent une ressource massive, largement inexploitée, non différenciée et souvent non découverte pour l’étude de l’art littéraire, de la culture et de la société. En outre, beaucoup de ces collections de notre patrimoine culturel sont dans un état fragile et exigent une stratégie nationale opportune pour leur évaluation, leur restauration, leur conservation numérique et leur utilisation productive dans la recherche et l’enseignement. La recherche en études littéraires sur le son repose sur une approche collaborative et interdisciplinaire du développement de connaissances historiques, matérielles et formelles sur ces matériaux de valeur du patrimoine culturel, ainsi que sur une approche collaborative pour la mise en place de processus de numérisation et de méthodes d’analyse informatique, ainsi que pour le développement, des référentiels numériques et des interfaces axées sur la recherche pour la préservation et la présentation significative de ces documents aux chercheur·e·s, aux étudiant·e·s, aux artistes et au public. Les projets de partenariat CRSH « SpokenWeb » (2018-25), « TECHNES » (2016-23) et « Littérature québécoise mobile » (2019-24) sont trois exemples de projets subventionnés pour cet axe.

Ce contenu a été mis à jour le 9 février 2021 à 22 h 10 min.